Biographie Eugène POTTIER

Eugène POTTIER est l’auteur des paroles de l’Internationale. Il nait le 4 octobre 1816 à Paris. Son premier recueil de chansons date de 1830. Il est dédié à Béranger, dont il se considère être le disciple. Ses premiers textes en font un auteur épicurien, mais au contact des grands événements du siècle, son registre et ses thèmes de prédilection évoluent. Il s’oriente vers la chanson ouvrière. Il est babouviste jusque 1848. Sous la monarchie de juillet, il participe à de nombreuses goguettes, partageant le lapin et le cochon, buvant en abondance et poussant la chansonnette politique, patriotique, anticléricale et sociale. Il participe au coup de feu aux côtés des ouvriers parisiens durant la révolution de 1848, et adopte les idées de Fourrier, qu’il expose dans nombre de ses chansons. Mais Pottier est d’abord dessinateur sur étoffes. Ne pouvant vivre de la vente de ses œuvres, il n’abandonne jamais ce métier. Tout en continuant ses activités de goguettier, il crée sa propre maison d’impression sur étoffe et participe en 1864 à la création de la chambre syndicale des dessinateurs, qui adhère à la Première internationale.

Membre de la garde nationale, il prend part aux combats durant le siège de Paris de 1870, puis prend une part active à la Commune de Paris, dont il est élu membre du IIème arrondissement. Il participe aux combats de la « semaine sanglante », puis parvient à s’enfuir en Angleterre. Condamné à mort par contumace, il s’installe aux Etats-Unis d’où il organise la solidarité pour les communards déportés. A New York, il est initié à la maçonnerie et se définit alors comme socialiste, ce qu’il restera jusqu’à sa mort en 1887. Après l’amnistie de 1880, il rentre en France où, malgré sa pauvreté, il poursuit la publication de ses poèmes.

L’inspiration de Pottier repose sur l’aspiration à l’harmonie universelle, à l’unité de l’humanité que symbolise l‘Internationale. Ce sont l’insurrection de juin 1848, la commune de Paris puis son exil forcé qui contribuent à transformer cette idéologie du bonheur commun en révolte. Ses thèmes se diversifient. Ainsi, des premières chansons épicuriennes au Sacré-Cœur de 1872, l’horreur que l’Eglise inspire à Pottier ne cesse de croître.

Ouvrier, révolté, communard, goguettier, Eugène Pottier se dit volontiers poète. Dans un texte biographique écrit au début de l’année 1870, il se présente ainsi : « Voilà Po-po, le vieux Po-po, Voilà Po-po, le vieux poète ». Mais c’est le texte de l’Internationale, écrit en juin 1871 et mis en musique par le Lillois Pierre de Geyter en 1888 qui lui vaut une renommée mondiale, devenant l’hymne ouvrier que l’on connait. Pottier meurt le 6 novembre 1887. Dans une tribune publiée à l’occasion du 25ème anniversaire de sa mort, Lénine écrit « Pottier mourut dans la misère. Mais il laissa derrière lui un monument vraiment impérissable. Il fut l’un des plus grands propagandistes par la chanson. Quand il composa sa première chanson, les ouvriers socialistes se comptaient, tout au plus, par dizaines. Des dizaines de millions de prolétaires connaissent aujourd’hui le chant historique d’Eugène Pottier… » (Lénine, Œuvres, t. 36, pp. 212-213).