La Fédération des Bourses du travail de France et des colonies voit le jour lors de son congrès fondateur, tenu à Saint-Etienne les 7 et 8 février 1892. Au début de l’année 1892, quinze Bourses du travail existent : celle de Paris, Lyon, Toulouse, Bordeaux, Saint-Etienne, Nîmes, Toulon, Montpellier, Cholet, Béziers, Marseille, Sète, Nice, Le Cergne et Roanne. C’est la Bourse de Paris qui est à l’initiative de la tenue de ce congrès fondateur que la Bourse de Saint-Etienne proposa d’organiser. Quatre Bourses ne disposant pas des moyens nécessaires (Marseille, Cette, Nice et Le Cergne) n’envoient pas de délégué au congrès de Saint-Etienne. Le principe de la Fédération des Bourses du travail y est voté à l’unanimité, et les statuts suivants sont adoptés :
Art. 1: Une Fédération est formée entre les Bourses du Travail; elle a pour but: 1°- D’unifier et faire aboutir les revendications des Syndicats ouvriers; 2°- D’étendre et de propager l’action des Bourses du travail dans les centres industriels et agricoles; 3°- De nommer les délégués au Secrétariat national du travail; 4°- De réunir tous les éléments statistiques et de les communiquer aux Bourses adhérentes, et en même temps généraliser le placement gratuit des travailleurs des deux sexes de tous les corps d’état.
Art. 2: La nomination des délégués au Secrétariat national du travail se fera dans les Congrès annuels qui se réuniront à une date et dans une ville fixée par le précédent Congrès.
Art. 3: Ne pourront être délégués au Secrétariat national du travail, que les candidats présentés par les Bourses fédérées.
Art. 4: En cas de vacances dans la délégation au Secrétariat national du travail, les délégués seront remplacés par des suppléants désignés par un deuxième tour de scrutin.
Art. 5: Pour l’exécution des décisions de la Fédération des Bourses du Travail, immédiatement après la réunion du Congrès annuel, les Bourses du travail désigneront chacune un membre afin d constituer le Comité fédéral qui siégera dans la même ville que le Secrétariat national du travail.
Art.6: Les frais créés par la Comité fédéral seront à la charge des Bourses fédérées.
Art.7: Les statuts de la Fédération ne sont révisables que par un Congrès. Toutes les propositions devront être communiquées à l’avance au Comité fédéral et à toutes les Bourses du Travail.
Art. 8: Les délibérations et décisions du Comité fédéral seront insérées dans les Bulletins des Bourses du Travail.
Art. 9: La présence de la moitié plus un des représentants des Bourses du travail sera nécessaire pour assurer la validité des délibérations du Comité fédéral.
Art. 10: Un règlement intérieur sera élaboré par le Comité fédéral.
La Fédération des bourses du travail est d’abord dirigée par Bernard Besset et Rieul Cordier, entre 1892 et 1895, puis par Fernand Pelloutier de 1895 à 1901, et Georges Yvetot de 1901 à 1942. Sous la direction de Pelloutier, le nombre de Bourses progresse fortement, passant de 33 en 1894, à 81 en 1901. Pour Pelloutier, les bourses du travail représentent un type de syndicalisme intégral, assurant des services de solidarité et de mutualité (bureaux de placements, caisses de solidarité, de maladie, de chômage et de décès, etc.). En 1895, la Fédération des Bourses du travail participe à la création de la Confédération Générale du Travail (CGT). Lors de son congrès d’Alger en 1902, elle se prononce pour l’unité du mouvement ouvrier, ce qui aboutit quelques mois plus tard à l’intégration des bourses à la CGT, approuvée lors du congrès de la Confédération, tenu à Montpellier en 1902.